Impact environnemental de l’alimentation en France

Impact environnemental de l’alimentation en France

L’ADEME (Agence de la Transition Ecologique) a publié en février 2021 un rapport sur l’empreinte des régimes alimentaires selon les parts de protéines animales et végétales. Ce rapport est très instructif car il discute l’impact de l’alimentation de deux grandes dimensions environnementales : l’utilisation des sols et les émissions de gaz à effet de serre.

Méthodes

Ce rapport analyse six alimentations types : trois alimentations avec de la viande (30g par jour, 75g par jour ou 170g par jour), une alimentation pescetarienne (pas de viande blanche ou rouge), une végétarienne (ni viande ni poisson), et une végétalienne (alimentation uniquement végétale). L’étude utilise des données de régimes alimentaires observés pour définir ces alimentations (ce qui fait, par exemple, que les végétaliens consomment quand même 3g de protéines animales par jour). Voici la composition des assiettes retenues :

Les auteurs cherchent ici à mesurer l’empreinte de l’alimentation (ils s’intéressent à la consommation plutôt qu’à la production) et incluent donc les importations alimentaires, ce qui constitue une des dimensions les plus intéressantes de l’étude. Ainsi, les auteurs du rapport partent de la consommation des ménages, ils en déduisent la production nécessaire pour arriver à cette consommation (avec les pertes pendant le processus de préparation et transformation), et analysent alors l’impact environnemental de cette production induite.

Résultats sur la surface agricole mobilisée

Les premiers résultats concernant les surfaces agricoles mobilisées en fonction des alimentations dans l’agriculture dite conventionnelle. C’est l’alimentation la plus carnée (170g de viande par jour) qui mobilise le plus de terres agricoles : 5.200 m2 par an par personne pour soutenir une telle consommation. Au contraire, l’alimentation végétalienne ne nécessite que 1.200 m2 par an par personne. L’alimentation moyenne actuellement observée (estimée sur les données INCA2) nécessite 4.280m2 par an par personne (107g de viande par jour), soit 3,6 fois plus qu’une alimentation végétalienne. La différence d’impact sur l’utilisation des sols entre les régimes les plus carnés et régimes végétaliens s’aggrave quand on considère une alimentation biologique : on a besoin de 2.301 m2 par an en plus par personne pour l’alimentation la plus carnée, contre 457 m2 en plus seulement pour une alimentation végétalienne. Ce que l’on mange (viande ou légumes) semble ainsi jouer un rôle bien plus important que comment cela est produit (bio ou ‘conventionnel’).

Résultats sur les émissions de gaz à effet de serre

Des résultats similaires peuvent être observés sur l’impact des alimentations sur les gaz à effet de serre. L’alimentation végétale émet 315 kg eq. CO2 de gaz à effet de serre par an, tandis que l’alimentation carnée (Viande 170g) en émet 1.908 kg eq. CO2, soit 6 fois plus. L’impact de l’agriculture biologique est différent en fonction des alimentations. L’agriculture biologique diminue l’impact carbone des alimentations les plus végétales (on passe de 315 kg eq. CO2 à 234 kg eq. CO2 pour l’alimentation végétale), tandis qu’elle augmente celui de l’alimentation la plus carnée (+45 kg eq. CO2 par an).

Impact environnemental de la viande

Les auteurs note que l’alimentation végétalienne est celle qui a le meilleur impact environnemental : elle utilise moins de surfaces, moins d’énergie, et émet le moins de gaz à effet de serre. Au contraire, 10g de viande consommés quotidiennement augmente de 80 kg eq. CO2 par an les émissions et nécessite 200 m2 de plus par an de surfaces agricoles.

Empreintes importées

Une partie importante de notre alimentation est importée : 29% des gaz à effet de serre sont ‘importées’ ainsi que 37% des surfaces agricoles. Les produits carnés représentent plus de 70% de ces impacts environnementaux importés (74% pour les gaz à effet de serre, 72% pour les surfaces agricoles). La France importe 19% de viande bovine, 21% de viande de porc et 21% de viande de volaille par rapport à sa demande intérieure. Les auteurs de l’étude mettent ainsi en lumière l’impact total de l’alimentation en fonction de ce qui est produit sur le territoire national et ce qui est importé. C’est la somme des deux qu’il faut prendre en compte pour juger l’impact environnemental total de l’alimentation.

On observe que les alimentations contenant le plus de viande sont également les alimentations les plus importatrices de gaz à effet de serre et de surfaces agricoles.

Take-home messages

• L’alimentation moyenne (107g de viande par jour) nécessite 3,6 fois plus de surface agricole qu’une alimentation végétalienne (4.280 m2 vs. 1.200 m2 par an par personne).

• 10g de viande en moins consommés par jour réduit de 5,2% les émissions totales de gaz à effet de serre au stade agricole (l’impact serait plus élevé en incluant la baisse de la demande de transport).

• Les produits carnés représentent 74% des gaz à effet importés pour l’alimentation et 72% pour la surface agricole.